Orthodontie : quels sont les véritables dangers pour la santé bucco-dentaire ?

Orthodontie : quels sont les véritables dangers pour la santé bucco-dentaire ? #

Hygiène dentaire compliquée et risques accrus de caries #

Le port d’un appareil fixe ou d’aligneurs bouleverse notre routine d’hygiène orale. Les brackets, bagues et fils orthodontiques créent des zones de rétention où la plaque bactérienne s’accumule plus facilement. Un simple oubli de brossage ou l’utilisation d’une technique inadaptée peut avoir des conséquences immédiates sur l’état des dents et des gencives.

Le risque majeur réside dans l’augmentation du nombre de caries et l’apparition de décalcifications localisées, notamment autour des attaches métalliques. Ces marques blanches, souvent irréversibles, témoignent d’une attaque acide prolongée. On observe régulièrement des inflammations gingivales lors d’un traitement, qui peuvent évoluer vers une parodontite si elles ne sont pas prises en charge à temps.

  • En 2023, une étude française a montré que 65 % des adolescents sous traitement présentaient une hausse significative du score de plaque dentaire, malgré l’utilisation de brosses spécialisées.
  • Les patients adultes suivis depuis plus de 18 mois développent des caries de collet plus fréquemment, nécessitant des restaurations précoces.
  • Un enroulement de la gencive autour des brackets favorise la stagnation bactérienne et les saignements persistants.

Nous recommandons l’utilisation de brossettes interdentaires, de fils spéciaux et de bains de bouche adaptés tout au long du traitement afin de prévenir ces complications, en complément d’une surveillance professionnelle régulière.

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Raccourcissement des racines dentaires : le phénomène de résorption radiculaire #

Le mouvement orthodontique sollicite fortement les racines des dents. Dans la majorité des cas, les conséquences restent minimes, mais un raccourcissement pathologique, appelé résorption radiculaire, peut survenir de façon imprévisible. Ce phénomène fragilise la stabilité des dents concernées et, à terme, peut conduire à leur perte partielle ou totale si le support osseux devient insuffisant.

Le phénomène de résorption est détecté par des radiographies spécifiques réalisées à intervalles réguliers au cours du traitement. Certains facteurs augmentent ce risque, notamment les déplacements dentaires importants, la durée prolongée du traitement ou des antécédents familiaux. On estime que jusqu’à 10 % des patients peuvent présenter une résorption radiculaire modérée, mais les cas sévères demeurent exceptionnels.

  • En 2021, un centre hospitalier parisien a rapporté 3 cas de pertes radiculaires majeures sur 500 patients traités, souvent chez des individus présentant un terrain génétique prédisposant.
  • Des résorptions apicales supérieures à 3 mm constituent un signal d’alerte pour adapter la stratégie du traitement.

Nous pensons qu’un suivi radiologique strict et une adaptation individualisée des forces orthodontiques sont des prérequis pour limiter ce risque émergent.

Douleurs, sensibilités et inconforts persistants #

Le déplacement des dents s’accompagne de phénomènes douloureux chez une majorité de patients. La pression mécanique exercée sur les dents, l’inflammation locale et les ajustements successifs génèrent des épisodes de douleur et de sensibilité souvent ressentis lors des premiers jours suivant un réglage ou la pose de l’appareil.

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La gêne peut se manifester de plusieurs façons : douleurs diffuses, sensations aiguës au contact du chaud ou du froid, problèmes de mastication ou de sommeil perturbé. Si ces troubles sont en général temporaires, certains adultes relatent des hypersensibilités chroniques qui nécessitent un suivi spécifique.

  • Le Centre de référence douleur dentaire de Lyon traite chaque année plusieurs dizaines de patients pour douleurs persistantes post-orthodontie.
  • L’adaptation à des aligneurs transparents réduit le ressenti douloureux, mais ne l’élimine pas totalement.

Un suivi régulier du seuil de douleur, l’ajustement des forces ou la prescription de gels anesthésiants locaux permettent de mieux contrôler ces effets secondaires.

Risque de récidive et mouvement indésirable des dents #

Le principal défi, après le retrait de l’appareil, reste la stabilité du résultat. Les dents ont une mémoire positionnelle et tendent naturellement à retourner vers leur emplacement d’origine si aucune contention adaptée n’est mise en place. Ce phénomène de récidive orthodontique s’observe dans un pourcentage non négligeable de cas.

La contention post-traitement est cruciale pour maintenir l’alignement obtenu. Les dispositifs fixes ou amovibles prolongent l’action correctrice, mais ils nécessitent un port scrupuleux et un entretien adapté. Sans cela, des mouvements indésirables, voire des chevauchements, peuvent apparaître quelques mois après l’arrêt du traitement, imposant parfois une reprise complète du protocole.

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  • Une enquête menée en 2024 au CHU de Nantes a montré que 33 % des patients négligeant la contention affichent une perte partielle du bénéfice initial au bout de 18 mois.
  • Certains systèmes de contention amovible sont mieux tolérés à long terme mais nécessitent une implication quotidienne du porteur.

Notre expérience montre que seul un engagement strict dans le port et l’entretien des dispositifs de contention garantit la pérennité de l’alignement dentaire.

Complications sur les gencives et l’os de soutien #

L’orthodontie agit directement sur le parodonte, c’est-à-dire l’ensemble des tissus de soutien de la dent (gencive, os alvéolaire, ligament). Ce processus induit une inflammation contrôlée nécessaire au déplacement dentaire, mais qui peut déraper vers des complications plus graves.

Les récessions gingivales et pertes osseuses localisées constituent des risques majeurs, surtout chez les porteurs d’antécédents parodontaux. Un déchaussement prématuré, associé à un déplacement mal maîtrisé, est susceptible de déclencher ou d’accélérer une pathologie parodontale qui peut obliger à interrompre le traitement.

  • Au sein de la population adulte, le taux de perte osseuse significative a été estimé à 8 % dans une étude menée à Genève en 2022 chez les patients en orthodontie depuis plus de 2 ans.
  • Une gencive rétractée expose davantage les racines dentaires, augmentant la sensibilité et le risque de caries radiculaires.

La prévention passe par une évaluation parodontale rigoureuse en amont et un ajustement des forces appliquées lors du traitement orthodontique.

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Appareillages et effets secondaires inattendus #

L’adaptation à un appareil dentaire s’accompagne parfois d’effets secondaires imprévus, principalement liés à la présence de dispositifs métalliques ou plastiques en bouche. Les ulcérations, irritations de la muqueuse buccale et troubles de la phonation sont fréquents au cours des premiers jours d’adaptation, mais peuvent se prolonger en l’absence de soins adaptés.

Les brackets et fils orthodontiques peuvent occasionner des microlésions, rendant douloureux la mastication, la parole ou le port prolongé de l’appareil. Certains patients développent des réactions allergiques aux alliages utilisés, ou des eczémas de contact en périphérie des lèvres et des joues.

  • En 2024, l’Institut d’Odontologie de Montpellier a recensé 27 cas d’abandon de traitement suite à des ulcérations persistantes, dont la moitié liée à une intolérance aux métaux composant les appareils.
  • Les appareils linguales, placés sur la face interne des dents, augmentent la fréquence des troubles de l’élocution chez les professionnels de la parole.

Nous conseillons l’utilisation de cires orthodontiques, de gels cicatrisants et la surveillance des premiers symptômes pour prévenir l’installation de lésions chroniques.

Risques rares mais graves : perte de vitalité dentaire et complications articulaires #

Des complications exceptionnelles, mais sérieuses, peuvent survenir lors de déplacements dentaires intenses ou chez des patients à risque. L’une des principales craintes est la nécrose pulpaire, soit la mort de la pulpe dentaire, consécutive à une mauvaise vascularisation ou à un traumatisme mécanique sévère. Cette complication nécessite souvent un traitement endodontique voire l’extraction de la dent concernée.

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Les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) constituent un autre risque, parfois déclenché ou aggravé par une modification brusque de l’occlusion. Ces douleurs articulaires, blocages ou craquements de la mâchoire compliquent la vie quotidienne et peuvent laisser des séquelles durables si le diagnostic est tardif.

  • En 2022, une enquête menée à l’hôpital Rothschild de Paris a identifié 7 cas de nécrose dentaire sur 1 000 traitements orthodontiques, principalement chez des sujets présentant des chocs occlusaux importants.
  • Les complications articulaires représentent 4 à 5 % des motifs de consultation post-orthodontie dans les centres spécialisés d’Île-de-France.

Un examen clinique approfondi et la détection précoce des facteurs de risque anatomiques sont essentiels pour prévenir ces issues, qui doivent toujours être considérées dans la balance bénéfice/risque.

Orthodontie chez l’adulte : des effets différents ? #

Les patients adultes présentent des caractéristiques propres face à l’orthodontie. Le risque de complications parodontales est plus élevé du fait d’une susceptibilité accrue aux maladies de soutien et d’une capacité de régénération tissulaire plus faible que chez les jeunes.

La récupération osseuse et gingivale après mouvement dentaire est plus lente, et le risque de déchaussement augmente si les forces appliquées ne sont pas strictement maîtrisées. Chez l’adulte, un bilan parodontal préalable est indispensable pour détecter toute pathologie sous-jacente susceptible de compromettre le succès du traitement.

  • Une étude menée à Lausanne en 2023 a montré qu’un patient adulte sur cinq présente une lésion parodontale mineure au terme d’un traitement d’alignement de plus d’un an.
  • Les cas de mobilité dentaire post-orthodontie sont plus fréquents après 40 ans, en l’absence de suivi parodontal rapproché.

Nous pensons qu’une personnalisation rigoureuse du plan de traitement, avec adaptation fine des contraintes mécaniques et suivi parodontal renforcé, doit être proposée à tout adulte envisageant l’orthodontie.

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